26/09/2023

Exposition "L'histoire continue"

 

Quelque chose t’arrive. Quelque chose de joyeux, d’amusant, de plaisant, de ravissant, qui te fait regarder dans le ciel couchant la couleur changeante qui n’a pas de nom, qui te fait sentir toutes les fleurs que tu croises, qui te fait cueillir un trèfle même à trois feuilles quand elles sont en forme de cœur.

Tout disparaît soudain. Ou tout doucement. Un mot de fin n’est pas prononcé à haute voix, mais il s’insinue dans les mots les plus banals pendant que tu ne t’en aperçois pas. Quand tu t’en aperçois, il est déjà là, comme s’il était là depuis toujours. Tu crois que c’est fini. Il n’y a pas de suite. Le temps s’arrête ici. Plus rien ne se passe. Il n’y a plus ni bonheur, ni joie, ni plaisir, ni espoir, ni rire, ni sourire. Il n’y a plus rien, tu as l’impression. Il semble que ce soit la fin du monde. Il n’y aura plus rien. Il n’y a que le désespoir et la tristesse. Mais non, ce n’est pas qu’il n’y a plus rien. Il y a bien le désespoir et la tristesse. Tant qu’il y a le désespoir et la tristesse, il y a un espoir et une joie. S’il n’y a pas de lumière, l’ombre n’existe pas. L’un n’existe pas indépendamment de l’autre. S’il n’y a pas de tristesse, comment peut-on sentir la joie ? Comment peut-on savoir que ce sentiment est ravissant et plaisant ? Si tu vis dans le vide, tu ne sens pas d’odeur. Ni joie, ni tristesse. Le monde est rempli d’air, heureusement, pour que tu puisses sentir. Tu respires.

L’air bouge sans cesse, même d’une façon invisible. Il y aura un jour un coup de vent qui secoue le fond du lac, ou une brise qui caresse la surface. Même si tu t’arrêtes et que tes pieds sont figés à leur place, l’air coule autour de toi, le temps change sur ta tête. Il pleut, le vent souffle, les nuages se forment et se déforment, le soleil brille et brûle parfois. Tu ne fais que lever les yeux pour voir les choses bouger et le monde vivre. Le monde continue même après, après la fin. Et tu y es.

Un oiseau chante quelque part même si ses chants sont effacés par des bavardages, passages de train, pensées distraites. Un croissant de lune tout fin et pâle apparaît dans l’ouest du ciel encore clair de jour. Un bourgeon pousse sur un arbre dénudé un jour de fin d’hiver, ou de début de printemps. Si tu fais un peu attention. Tout cela te donnera une joie pure sans condition même si c’est désespérément passager. Tu le saisis à peine.

Un sentiment infime qui semble insignifiant te laisse une trace. Une trace infime, imperceptible, est gravée en toi. Il y en aura une autre, et puis une autre. Les choses s’accumulent en toi et s’y mêlent. L’ensemble des choses n’est pas l’assemblage de chaque chose, mais elles se transforment dans l’ensemble et changent de nature avec le temps. Tout ce que tu as senti a formé ton cœur propre. Ce que tu sentiras le transformera. L’histoire continue à se dessiner en toi.


du 12 octobre au 14 novembre, Vernissage Jeudi 12 à 18h30

Slow galerie, 5 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e

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